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Interview particulièrement intéressante que celle proposée par… Cyber Btp.
Emeric Magny est formateur Internet à l’Ecole supérieure des jeunes dirigeants du bâtiment (ESJDB) depuis 5 ans. Il explique ici qu’il a vu le niveau de départ de ses élèves croître avec les années:
"Il y a douze promotions d’une vingtaine d’élèves et pas un cette année n’avait jamais touché à Internet avant de venir, il s’agit donc d’une pratique qui se banalise. La formation en est transformée."
Leurs attentes tournent essentiellement autour de la messagerie, qui permet de communiquer avec ses clients et fournisseurs, et de la recherche d’informations. A ce sujet je relève également cette phrase surprenante:
"Je commence à recevoir des élèves qui ont d’eux-mêmes déjà mis en place des pratiques de veille : veille technologique mais aussi veille concurrentielle."
Pour ce formateur les conséquences sur le métier du BTP ne sont pas neutres:
"La pratique d’Internet induit une évolution notable dans le sens où les acteurs de la construction sont en train de passer d’une culture orale à une culture de l’écrit."
"Mes élèves sont en effet de plus en plus réceptifs et ouverts à la notion de ‘service client’ ou ‘espace client’. Certains passent même à l’acte. Je pense à cet ancien élève qui fait désormais tous les jours des photos de ses chantiers et les envoie le soir à ses clients."
"Au final, la découverte d’Internet se traduit par une professionnalisation des acteurs, dont l’origine je pense aux repreneurs est aujourd’hui de plus en plus variée. Nous nous dirigeons me semble-t-il vers des carrières choisies et non plus héritées. Du coup, la spécificité du bâtiment est en train de se fondre dans des méthodes générales. A ce titre, l’usage d’Internet oblige les entrepreneurs du bâtiment à réfléchir sur leur métier, à s’interroger sur l’importance de l’image. Il suffit pour sen convaincre de leur montrer quelques sites particulièrement mal faits et découter leurs réactions. Ces sites véhiculent l’image d’une entreprise qui travaille mal, même si ce n’est pas le cas."
Les compétences en "Information Literacy" ne sont pas neutres, il ne s’agit pas d’apprendre dès l’école à maîtriser des connaissances que l’on aurait de toutes façons apprises plus tard. Cette maîtrise entraîne des conséquences sur le métier que l’on exerce, elle le transforme. Apprendre à chercher de l’information ou à communiquer par email ce n’est pas qu’acquérir une compétence de plus mais c’est rentrer dans un rapport au temps (instantanéité) et à l’espace (proximité) qui modifie forcément les pratiques du métier que l’on exerce, quel qu’il soit. Comme toujours l’outil n’est pas neutre, "the medium is the message" comme aurait dit l’autre.