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Le Journal du Net a interviewé Carlo Revelli a propos de la proposition faite par Cybion d’un code de bonne conduite pour les professionels de la veille. Extraits:
« Il a été mis en place pour diverses raisons. D’abord, l’univers de l’intelligence économique regroupe des métiers très différents qui parfois n’ont rien à voir les uns avec les autres : des cabinets de veille comme nous, des sociétés de conseil, des éditeurs de logiciels, des détectives privés ou des cabinets de lobbying. Nous voulons fédérer les acteurs de la veille et de l’intelligence informationnelle qui font partie de l’intelligence économique mais qui n’interviennent pas dans le lobbying ou des activités d’influence. »
« avec l’essor d’Internet, il est facile pour une société d’utiliser l’information électronique à des fins de déstabilisation commerciale. Un client pourrait nous demander en plus de récolter de l’information, de mener des actions de désinformation ou de destabilisation par exemple en publiant des fausses informations dans des forums de discussion. Il était important de déterminer des limites et des frontières à ne pas dépasser dans nos métiers. »
« Nous allons lancer bientôt une liste de discussion avec les personnes ayant adhéré au code et il est possible que nous évoluons en association par la suite. Certains adhérents ont soulevé le problème de l’application du code. Ce point sera débattu mais personnellement je crains que l’on puisse difficilement surveiller chaque entreprise. Je pense qu’une entreprise signataire engage sa crédibilité et se mettrait donc en péril si on apprennait qu’elle ne respecte pas son engagement. »
Cette démarche était indispensable mais il est évident que n’y adhèreront que ceux qui pensent info blanche (ou qui veulent se donner une façade de respectabilité).
Difficile en effet de concilier ce code avec un ensemble de pratiques dont l’ambiguité potentielle a été confortée par le gouvernement.
Cela me rappelle cet excellent roman d’anticipation de John Brunner daté de 1968, Tous à Zanzibar. Son personnage principal, Donald Hogan, est un ingénieur généraliste payé par l’Etat US pour faire de la veille technologique pour les scientifiques américains (Brunner le nomme synthéticien). Parallèlement à cela il peut devenir un agent actif des renseignements US à n’importe quel moment si une mission exige quelqu’un de ses compétences. Intéressant cocktail et source de débats sans fins.
Quoiqu’il en soit c’est la définition de l’intelligence économique qui plus que jamais est au coeur du débat. Est-elle de la veille + du lobbying et de l’influence (mais alors jusqu’où doivent aller les actions d’influence)? Est-elle la face civile du renseignement?
Le rapport Martre en avait donné une définition très claire il y a dix ans mais je ne suis pas sûr qu’elle se soit imposée et quelquechose me dit que cette question va encore hanter les esprits dans la décennie à venir.