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De la fonction analgésique des folksonomies
Les folksonomies sont bien sûr un mécanisme qui permet denregistrer des pages pour mieux les retrouver mais elles sont aussi un système rassurant dans un univers numérique de plus en plus mouvant, une dernière digue que nous tentons de consolider jour après jour par notre entreprise de « colmataggage ». Nous persuadant que les pages que nous enregistrons nous seront utiles une prochaine fois alors quil ny a presque jamais de prochaine fois.
Pourquoi ? Parce que dans un mois ou deux nous aurons découvert de nouveaux services encore plus performants que ceux déjà enregistrés. Aurons-nous le temps des les tester afin de choisir le meilleur? Peu de chances. Nous nous ferons un jugement « sur le tas », en lisant les avis des autres utilisateurs, en regardant le nombre de fois où elles ont été enregistrées dans del.icio.us, Popularité contre autorité comme lexpliquait Olivier Le Deuff dans un autre article.
Mais également en lisant ceux qui, comme moi, passent du temps à tester ces services, à les comparer, à tenter den extraire la valeur ajoutée, et qui finalement se positionnent comme des intermédiaires/infomédiaires entre le produit et ses utilisateurs potentiels. Une nouvelle facette des métiers de la documentation en quelque sorte qui consiste à gérer dynamiquement des bibliothèques de logiciels (logithèques), des bibliothèques de services en ligne (comment les baptiser ?) et des bibliothèques de personnes susceptibles de savoir (pundithèques ?).
Au final nous adoptons ponctuellement un service jusquà ce quun autre, a priori meilleur, cest-à-dire plus populaire, plus « reliable », plus ouvert émerge. Il nest quà voir la migration actuelle des utilisateurs de LinkedIn (ou autres réseaux sociaux 2.0) vers Facebook (web 2.1 ?) pour sen convaincre.
Ce qui est notable cest le raccourcissement des délais entre chaque changement. Alors quil y a longtemps, au tout début du XXIème siècle, nous pouvions être fidèles à une application plusieurs années durant, leur multiplication, leur spécialisation et leurs améliorations permanentes, nous amènent aujourdhui à en changer facilement. Par ailleurs la standardisation progressive des formats de fichiers fait que nous pouvons utiliser simultanément plusieurs applications similaires ou passer de lune à lautre relativement aisément, je pense par exemple aux services de « mind mapping » en ligne capables de lire les cartes réalisées par Mind Manager ou Freemind. Cest dailleurs une véritable gageure pour toutes ces entreprises (moins pour Freemind qui est gratuit) car comment fidéliser un client si tous les services finissent par se ressembler?
Sans doute nous dirigeons-nous vers une utilisation à la demande des solutions numériques mises à notre disposition, comme le prévoyait Jeremy Rifkin en 2002 dans « Lâge de laccès ». Utilisation parfois réfléchie, concertée, parfois liée à des besoins précis (il me faut telle fonctionnalité) et parfois encore due au hasard ou presque : jutilise telle plateforme collaborative parce que je la connais déjà, parce quelle offre actuellement XX Mo de stockage gratuit, parce que cest la première que jai trouvé sur Google
Finalement avec le web 2.0 nous vivons déjà la Singularité annoncée par Ray Kurzweil (enfin traduit!), une théorie essentielle à notre compréhension du futur, qui démontre que laccélération du progrès est exponentielle et non linéaire, si bien que nous avons de plus en plus de mal à en prévoir les conséquences et à faire des choix informés.