Dans l’attente d’un hypothétique avènement des intelligences artificielles générales (AGI) les services actuels, même les plus avancés, sont dépourvus de toute capacité de réflexion. Ils sont incapables d’analyser quoi que ce soit avec la profondeur et la complexité qui caractérisent (parfois) l’esprit humain. Certes, les LLM peuvent simuler un raisonnement via des techniques de prompting adaptées comme le Chain of thought, exploité dans ChatGPT o1, mais il n’en reste pas moins que ces processus ne reposent sur aucune forme d’“opération cérébrale” ou de “cogitation réflexive”, susceptible d’être assimilée à un raisonnement ou, par extension, à de l’intelligence véritable. Alors pourquoi s’y intéresser ?
Parce qu’elles résonnent voyons !
Les IA génératives ont été entraînées avec des millions de textes rédigés par des êtres humains. Elles sont imprégnées de leurs expériences, réelles ou romancées, et s’en font l’écho dans les réponses qu’elles produisent. Ainsi, lorsque vous leur posez une question, ce ne sont pas les idées de l’IA que vous obtenez (elle n’en a pas), mais les idées des humains qui constituent sa source d’apprentissage. De fait, les modèles de langages sont de fabuleuses bases de connaissance, la somme de toutes les expériences humaines ou presque, les manquantes étant remplacées par les fictionnelles. Comment ne pas vouloir apprendre à les interroger ?
L’IA ne réfléchit pas, elle réfléchit…
Les LLM peuvent-ils être créatifs ? Bien sûr que non, en revanche, ils mettent à notre disposition un réservoir d’idées illimité à l’échelle d’un individu. Leur créativité n’est pas absolue, dans le sens où ces IA ne produisent rien de fondamentalement nouveau. Comme une vibration qui perdure, elles tournent en une boucle de connaissance fermée, recombinant sans cesse les données absorbées. Pourtant, elles permettent ce que l’on pourrait appeler une créativité relative.
Relative à quoi ? À l’individu. C’est-à-dire à tout ce qu’un être humain est potentiellement en mesure de connaître, d’explorer et d’exploiter afin de mieux raisonner, créer et progresser. Les IA génératives ont emmagasiné plus d’idées et de perspectives que nous n’aurons jamais le temps d’en assimiler en une vie. C’est précisément ce potentiel qu’elles réfléchissent. Entendez-moi bien, elles ne “réfléchissent” pas au sens cognitif du terme, mais comme le miroir des connaissances humaines qu’elles reflètent.
Vibrer au diapason de l’IA
Et puis elles résonnent aussi en nous…
Grâce aux idées qu’elles sont en mesure de fournir en abondance, elles peuvent occasionnellement (l’humain n’est pas un automate), nous « sonner » et provoquer, par leurs piques et provocations, un “Eurêka !” bienvenue, ou plus modestement, un “tiens, voilà une idée intéressante”. En ce sens, ce sont de vecteurs de sérendipité hors pair qui agissent comme des catalyseurs, en mettant à notre disposition une richesse d’idées et de perspectives inédites.
Les IA sont des cloches qui résonnent sans fin des connaissances humaines accumulées. Elles ne pensent pas, ne créent rien et n’ont ni l’originalité, ni l’intuition propre à l’esprit humain. Mais elles répercutent au loin, un vibrant appel à l’intelligence humaine.
Réveillant des idées enfouies, révélant des connaissances latentes, elles nous rappellent que la véritable réflexion, celle qui donne naissance à l’inédit, reste l’apanage de l’esprit humain.
Dingue !
Pardon « Ding ! »