HorsPiste (quoique)
Une fois n’est pas coutume voici un billet culturellement engagé.
Ex-étudiant en histoire, interessé par la vie politique française contemporaine, je ne peux qu’applaudir au texte publié par des historiens de grande renommée (Vidal-Naquet, Azema, Ozouf, Ferro, Vernant, Veyne, Rémond et 443 autres…) intitulé "Liberté pour l’histoire". Ils y critiquent l’interventionnisme croissant de l’Etat dans le champ historique (rôle de la colonisation par exemple) et les procédures juridiques inadmissibles touchant intellectuels et penseurs (voire la récente affaire Pétré-Grenouilleau).
Comme ce texte semble être plus ou moins propriété du journal Libération je n’ose le citer dans son entier mais en voici quelques extraits:
L’historien n’accepte aucun dogme, ne respecte aucun interdit, ne connaît pas de tabous. Il peut être dérangeant.
L’histoire n’est pas
la morale. L’historien n’a pas pour rôle d’exalter ou de condamner, il explique.
L’histoire n’est pas l’esclave de l’actualité. L’historien ne plaque pas sur le
passé des schémas idéologiques contemporains et n’introduit pas dans les événements
d’autrefois la sensibilité d’aujourd’hui.
L’histoire n’est pas la mémoire.
L’historien, dans une démarche scientifique, recueille les souvenirs des hommes,
les compare entre eux, les confronte aux documents, aux objets, aux traces, et
établit les faits. L’histoire tient compte de la mémoire, elle ne s’y réduit pas.
Pourquoi je vous ennuie avec çà? Pour deux raisons. La première est d’ordre citoyen : il me tient à coeur que l’histoire de ce pays ne soit ni instrumentalisée, ni faite par l’opinion. C’est que l’avenir en dépend, l’histoire est un système.
La seconde c’est que, je ne sais pour quelle raison, je me suis mis à relire ce texte en remplaçant le terme "histoire" par celui de "veille" et celui d’"historien" par celui de "veilleur". Au-delà de la trivialité d’intérêts purement professionnels par rapport aux objectifs autrement plus graves qu’il véhicule, j’ai trouvé que cette relecture résonnait souvent de manière juste et qu’elle dévoilait bien les rôles qu’on souhaite parfois nous voire jouer. Je vous engage à faire l’exercice et vous laisse juge.