J’ai eu l’honneur d’être invité à intervenir lors du Colloque « Intelligence économique dans un monde toujours plus conflictuel », qui avait lieu à l’École Militaire le 8 avril dernier, à l’occasion des trente ans du rapport Martre, qui définit et posa la terminologie d’intelligence économique, et des vingt ans du rapport Carayon, qui tenta de revitaliser la discipline. Je dis bien « tenta » car, comme l’ont rappelé Alain Juillet, Christian Harbulot et Bernard Carayon l’intelligence économique a eu du mal à s’implanter. Elle ne revient sur les devants de la scène qu’en raison de prises de conscience récentes liées à nos multiples pertes de souveraineté, et face aux défis économiques et diplomatiques que nous adressent les adversaires déclarés de la France, mais aussi certains de ses « alliés ». Contrainte et forcée en somme…
La table-ronde à laquelle j’étais invité avait pour thème l’émergence de nouveaux territoires de l’intelligence économique. Elle était animée par Fabrice Frossard et j’ai eu le privilège d’y dialoguer avec :
- Nicolas de Rycke, CEO d’Elephantastic
- Aymeric Bonnemaison, commandant de la cyberdéfense de l’État-Major des armées
- Camille Lanet, sous-directeur de l’intelligence économique à la DGA
Durant cette session, j’ai évoqué notamment les questions liées aux risques que les intelligences artificielles génératives, font peser sur les organisations publiques et privées en termes de désinformation, de manipulation et d’escroqueries diverses. Le corollaire étant le positionnement et les compétences que doivent développer les professionnels de l’intelligence économique pour s’en prémunir. Un sujet sur lequel je travaille depuis 2018 comme vous le savez si vous me suivez. Ce disant, je ne souhaite pas laisser penser que mon approche de ce sujet est exclusivement critique. Je m’efforce également de comprendre comment les IA génératives peuvent enrichir notre travail quotidien, nous permettant ainsi d’évoluer vers des positions de veilleurs et d’analystes augmentés.
L’objectif était aussi pour les organisateurs (et je peux me tromper) d’avoir la voix d’un représentant d’une des trois fonctions-pilier de l’intelligence économique, à savoir la veille (les deux autres étant l’influence et la sécurité). La veille ne peut être qualifiée de stratégique que si (et seulement si) elle sert les objectifs stratégiques d’une organisation et, de fait, elle est trop souvent perçue comme une réponse à des besoins informationnels immédiats, comme une réaction à des situations subies, plutôt que les anticipant. Peut-être parce que ceux qui en ont la charge ne sortent pas assez de leurs bureaux pour « prendre la température », peut-être aussi parce que le décideur dispose de ses propres sources, de son propre réseau et ne met pas assez à contribution ses veilleurs. Or, même si elle est cela, la veille doit surtout et toujours être envisagée comme un moyen d’explorer les possibles, de trouver de nouvelles voies, d’anticiper les mouvements de l’écosystème, et donc comme une manière de prendre l’avantage parce que l’on aura été en position offensive. La veille ne peut pas seulement être cette réponse à un plan de veille formaté et mis à jour une fois l’an. Elle doit être (et c’est ici aux qualités du veilleur que l’on pense) cette approche tirée par la curiosité, l’imagination, la pensée hors du cadre, l’innovation dans les hypothèses de travail. C’est le message que j’ai tenté de faire passer avec un peu de provocation, lorsque évoquant les risques que les IA génératives font courir aux données personnelles, je développais mon propos en évoquant l’idée d’un cerveau « uploadé » sur serveur. Idée que l’on pourrait qualifier de fantasque si des figures telles qu’Elon Musk et tant d’autres manitous de la Tech US, n’étaient pas fascinés par le transhumanisme et l’idée d’immortalité.
Comme toujours, lorsque je dois intervenir lors d’un colloque ou d’une conférence, j’avais préparé plusieurs thèmes potentiels à développer. Vous trouverez ici la carte heuristique dans laquelle j’ai consigné ces idées et que j’ai mises au propre. Vous pouvez l’ouvrir directement dans votre navigateur (clic gauche) ou la télécharger pour une consultation ultérieure (clic-droit « enregistrer le contenu sous »).
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