Il y a plus d’un an déjà, j’évoquais dans un article la possibilité d’utiliser des extensions Chrome pour bénéficier de l’assistance de ChatGPT dans ses recherches Google. Dans un second article publié début janvier 2023, je présentais Perplexity, à l’époque premier et unique moteur réellement positionné sur le créneau de la recherche assistée par IA. Depuis les choses ont beaucoup évolué et je vous propose donc un nouveau tour d’horizon des services et outils permettant de rechercher sur le web.
Le prompt choisi pour tester chaque moteur est le suivant :
Qui sont les pionniers de l'intelligence économique en France ? Présente les résultats sous forme d'un tableau avec les colonnes suivantes : Nom; Responsabilités/fonctions ; Principaux apports; Publications.
Modèle de langage
- ChatGPT 4 : depuis la version 4 (payante), ChatGPT, permet de lancer une recherche web. Pour cela, il va utiliser Bing après avoir retranscrit votre prompt en une requête classique. Notez que la retranscription du prompt est rudimentaire et que vous obtiendrez probablement des résultats plus pertinents en utilisant les opérateurs booléens habituels. Mais ce serait passer à côté de la valeur ajoutée de ces services, à savoir la possibilité qu’ils offrent de résumer et synthétiser des pages de résultats.
Services spécifiques
- Bing CoPilot : on pourrait penser (si l’on ne connaissait pas le fonctionnement des LLMs) que l’on obtiendrait les mêmes réponses qu’avec ChatGPT puisque c’est le modèle de langage qu’il utilise, mais ce n’est pas le cas. Le vrai « plus » ici se situe dans la liste de sources complémentaires proposée en fin de réponse. Notez que le tableau peut être exporté en un clic vers Excel.
- Bard : étonnamment, malgré mes prompts répétés, Bard ne semble pas à l’aise avec le fait de donner des liens vers des pages web relatives aux personnes citées.
- Perplexity.ai : les résultats sont du niveau de Bing CoPilot et les sources sont également visibles. Par ailleurs, ce moteur permet de focaliser sur certains corpus (academic, Youtube,…) et de rechercher des images et des vidéos. Un service pionnier sur la recherche assistée par IA, qui continue donc de bien évoluer.
- You : You n’a pas réussi à créer un tableau, mais propose une liste à puces suivant la structuration demandée. Il est le seul à faire émerger ce grand professionnel de l’IE qu’était Jean-Pierre Bernat. Malheureusement, une seule source est proposée. Clairement pas mon premier choix. Peut-être que la version payante est meilleure, mais pourquoi payer puisque certains services gratuits font mieux.
- Tethered : ce service ne répondait pas au moment des tests.
- Iask.ai : un service qui donne des réponses correctes et permet aussi de rechercher dans des corpus académiques, dans de l’actualité ou des livres. Il est toutefois dommage qu’il ne propose pas de liens vers les pages sources utilisées.
- Komo.ai : service plutôt intéressant puisqu’il permet notamment de poser des questions liées à l’actualité. Malheureusement, il n’a pas été en mesure d’interpréter ma demande et a répondu en m’expliquant ce qu’était l’intelligence économique. La seconde tentative ne fût pas meilleure. En revanche, sa réponse à la question « What is intelligence analysis ? » était excellente, avec de très nombreux liens pointant vers des ressources de qualité. Le service est payant mais peut être testé dans la limite de trois prompts.
- Mybrain : les réponses sont pertinentes mais trop peu nombreuses (3 noms). Par ailleurs, le service n’est pas parvenu à les présenter sous forme d’un tableau.
- Aisearch : résultats très limités. Il n’est possible de faire qu’une seule recherche par jour.
- Gptgo : cinq résultats, mais pas de mise en forme en tableau. Par ailleurs, les sources ne sont pas indiquées
- Peruser : les résultats sont plutôt bons sur ce service et sortent des réponses habituelles. Ainsi ressortent un Jacques Villain ou un Vahé Zartarian que les autres moteurs n’avaient pas fait apparaître. En revanche, la disparition de Christian Harbulot ou d’Alain Juillet est plutôt étonnante. Peruser donne ses sources, même s’il semble ici s’être essentiellement nourri de la page Wikipédia consacrée à l’IE.
Plugins ChatGPT
Les plugins sont proposés dans la version payante de ChatGPT. Ils permettent de faire appel aux API de services tiers, à la différence des GPTs conçus pour être personnalisés avec un contenu spécifique que vous choisissez (des recettes de cuisine, des articles de recherches, vos prises de note, …). Nous avons sélectionné ici les trois qui sont les plus plébiscités par les utilisateurs.
- Mixer Box : ce service n’est pas parvenu à créer un tableau, mais les résultats fournis sont plutôt bons et sourcés.
- Keymate : ce service passe par l’API de Google pour remonter ses résultats. Ces derniers sont limités. Les sources sont données.
- Forager : ce plugin utilise Bing avec des requêtes très simples, ces résultats sont donc assez limités. Par ailleurs, il ne donne pas ses sources.
Conclusion et perspectives
Il y a bien sûr d’autres assistants IA pour la recherche web accessibles notamment par la plateforme Poe.com, ou des plateformes similaires. Nous avons sélectionné ici les services qui nous paraissaient les plus utilisables au quotidien.
Les tests rapides que nous avons effectués nous permettent de constater qu’en ce qui concerne l’utilisation d’un « assistant » de recherche sur le web, trois services se distinguent actuellement :
- Bing CoPilot, pour sa capacité à fournir de nombreux liens et sources
- ChatGPT 4, parce qu’il n’est pas limité dans la taille de ses réponses
- Perplexity, parce qu’il propose de bons résultats, mais surtout parce qu’il explore toutes les dimensions de la recherche web assistée par IA
Que peut-on attendre dans les mois à venir dans le domaine de la recherche assistée par IA ? Ce qui se profile maintenant, et ce n’est déjà plus de l’ordre de l’intuition, c’est l’utilisation des modèles de langage en tant qu’assistant personnel. C’est d’ailleurs un mouvement déjà bien visible avec de nombreux services, extensions, app, etc (« stay tuned » 😉).
Ce qu’il faut donc imaginer c’est un « outil » polyvalent qui nous accompagnera de manière longitudinale dans notre vie privée et professionnelle, c’est-à-dire sur nos PC, smartphones, TV, tablettes, smartwatch et globalement tout ce qui peut être connecté au web. La recherche et la synthèse d’informations seront effectuées par l’assistant qui devra être suffisamment transparent vis-à-vis des sources utilisées pour que la confiance puisse s’établir entre l’humain et son double. L’outil apprendra de nos interactions quotidiennes avec lui, ainsi qu’avec l’environnement dans lequel il sera intégré grâce à tous les capteurs dont disposent déjà ces objets. Il semble d’ailleurs que Google planche déjà sur la possibilité de remplacer son assistant actuel sur les smartphones par Bard, et a lancé récemment de nombreuses fonctionnalités de recherche supplémentaires alimentés par l’IA.
De cette symbiose, émergeront de fait, des capacités prédictives encore plus puissantes que celles déjà existantes. Ainsi, la volonté affichée depuis toujours de Google, et annoncée cette année avec le projet MAGI, d’anticiper les besoins et questions des utilisateurs, pourrait se réaliser. Mais, car il y a un (énorme) mais, tout cela ne sera à votre mesure, optimisé, à votre main en somme…, que si vous acceptez d’investir encore plus de vous-même dans ces dispositifs. Si vous leur permettez d’enregistrer vos moindres interactions avec votre environnement, réel ou virtuel (si l’on peut dire, car cette distinction a-t-elle encore un sens ?).
De nombreuses conséquences découleront de cette situation, comme l’émergence d’assistants IA open source et éthiques, qui nous permettront de choisir ce que nous acceptons ou non de partager avec eux (une sorte d’RGPD ++ en somme). Par ailleurs, des stratégies de contournement individuelles se mettront en place, comme la création de personas permettant de « tromper » les assistants personnels, ou de les spécialiser sur des facettes spécifiques de notre activité (perso vs pro par exemple), ou en fonction de contextes donnés.
Une autre conséquence inévitable sera la possibilité qu’ils soient « empoisonnés » afin de nous amener à commettre des erreurs, ou influencer nos choix. Ou bien sûr hackés, dans le but de pouvoir exploiter de toutes les manières imaginables notre double numérique. Quoi qu’il en soit, ces outils sont là pour durer et s’intriqueront d’une manière ou d’une autre dans nos vies. Alors prêts à être Copilotés ?
Bonjour Christophe
J’ai de la difficulté à utiliser un service qui me donne un peu n’importe quoi comme résultat… et dont les résultats diffèrent grandement d’un outil à l’autre même s’ils ont été entrainés sur le même jeu de données. Pour l’instant, mes tests de différents services LLM ne me donne pas du tout satisfaction. J’interroge sur des sujets que je connais moi-même afin de valider les résultats et souvent il y des omissions importantes, des erreurs et même de la fabrication de fausses informations. Je n’ai pas et je n’aurai pas avant longtemps confiance en ce type d’outils surtout pour l’interroger sur des notions que je ne maitrise pas. À quand chacun son petit assistant personnel virtuel ? Hum…au niveau marketing d’ici peu puisque tout tout tout semble maintenant travailler en collaboration avec l’IA (!!!) mais pour ajouter de la valeur à ce que l’on fait….selon moi, pas avant plusieurs années !
Merci pour ton partage d’information, ça alimente la réflexion. 😛