Il y a très peu d’ouvrage consacrés à l’intelligence économique que j’ouvre régulièrement. « L’intelligence économique : mode d’emploi« , écrit en 1998 par Pierre Achard et le regretté Jean-Pierre Bernat et publié par l’ADBS est de ceux-là. Bien sûr certaines parties (peu nombreuses) ont vieilli, celles notamment consacrées à la veille web, mais il reste globalement très actuel. Composé par des praticiens de l’IE en entreprise doublés de chercheurs, il repose sur des bases théoriques très solides sans oublier d’être pragmatique. Ainsi l’Annexe 1, intitulé « Lecture d’un rapport annuel » (p. 187), ainsi que la méthode d’analyse de la concurrence qui y est explicitée, est-elle un outil de travail concret qui me fût personnellement très utile dans mes premiers postes de responsable de veille.
Lors d’une relecture récente, un extrait a particulièrement retenu mon attention tant il me semble qu’il est encore totalement en phase avec les problématiques actuelles d’un dispositif d’intelligence économique. Ce texte ayant maintenant un peu plus de 20 ans, il me semble qu’un constat d’échec quant aux progrès de cette discipline doit d’ailleurs être fait puisque je continue (et j’imagine qu’il en va de même pour d’autres consultants) à donner peu ou prou les mêmes conseils aujourd’hui…
Les auteurs se placent dans le cas ou, « un jour (…) tout le monde en fera de manière plus ou moins consciente (de l’IE) et, dès lors, il ne sera plus besoin de dédier des spécialistes à ce type de discipline, sauf cas exceptionnel (…) On pourra alors développer le réseau d’intelligence économique de l’entreprise autour d’un ensemble de règles de gestion de l’information que l’on peut globalement résumer à ces préconisations :
- Disposer d’un bon réseau documentaire
- Penser à utiliser les compétences existant au sein de l’entreprise
- Raisonner en termes de flux plutôt qu’en termes de stocks
- Utiliser les moyens modernes pour capter, traiter et diffuser l’information 🙂
- Transformer les services d’information documentaire en pôles de compétences et non pas en passages obligés
- Impliquer très tôt les décideurs et ce, au plus haut niveau
- Conserver l’efficacité de « l’outil humain »
- Se dire qu’il n’y a pas de modèle idéal, donc dialoguer, comparer, essayer.«
Même dans le cas où une organisation n’est pas encore en mode « tout le monde fait de l’IE » (et ça ne me semble pas un problème car le risque est qu’alors personne n’en fasse…) il me semble que ces 8 conseils restent totalement adaptés à notre époque. Malheureusement 🙁