Depuis quelques années maintenant j’ai « créé » les concepts de veille radar et de veille cible pour permettre aux personnes que je forme de bien distinguer deux manières de faire sa veille sur le web .
La veille cible
On pourrait dire que la veille cible est la manière traditionnelle de faire. Après l’indispensable définition des thèmes à surveiller, il s’agira de repérer des sources, d’en évaluer la pertinence par rapport au besoin en information, puis de les mettre sous surveillance.
Les sources en question pourront être par exemple :
- la page d’actualités d’un site corporate (un concurrent, un fournisseur,…)
- le blog d’un expert
- le compte Twitter de quelqu’un qui partage beaucoup de contenus sur le thème
- le compte Youtube d’une organisation du secteur
- …
Les outils permettant de surveiller ces cibles seront au choix des services de monitoring, des agrégateur de flux RSS et plus bêtement l’abonnement à une newsletter si la source en propose.
Donc à partir du moment où l’on surveille une source spécifique on est en mode cible.
La veille radar
Cette veille est liée aux services qui permettent de créer des alertes par mots-clés sur le web ou sur des sous-parties de celui-ci. L’idée est ici de tenter de voir remonter des contenus thématiques (articles, billets, tweets, posts divers, vidéos,…) quelles qu’en soient les sources, l’analyse de la pertinence du contenu venant alors dans un second temps.
Là où la « veille cible » se concentre sur des territoires connus puisque repérés et validés par nos soins, la veille radar va (potentiellement) nous ouvrir des horizons en faisant remonter des contenus hors des territoires balisés. Par la même occasion nous découvrirons ainsi de nouvelles sources qui, après validation, viendront enrichir notre veille cible.
Comme dit plus haut, les outils permettant de faire de la veille radar sont les services d’alertes par mots-clés, au premier rang desquels Google Alertes qui est lié à l’index de Google et couvre a priori la plus grande (la moins petite) partie du web visible mais il y en à d’autres (attention cette liste a besoin d’être mise à jour).
Résumons, la veille cible exploite un territoire connu, déjà exploré et délimité par nos soins, là où la veille radar envoie des signaux vers des espaces inconnues (frontières de l’infini 🙂 ) et reçoit ou non des échos en retour en fonction des nouvelles pages indexées par les systèmes d’alerte. Cette veille joue sur la sérendipité et la créativité (dans le choix des mots-clés par exemple) et elle est donc toute aussi sérieuse que l’autre car susceptible de remonter des éléments totalement inédits.
Ces deux manières de faire de la veille sont bien connues mais mon expérience m’a montré que cette façon de les présenter était souvent éclairante pour l’auditoire.
Alors veille cible ou veille radar ?
Il n’y a évidemment aucune raison de choisir l’une au détriment de l’autre, en fait il est même indispensable de faire travailler les deux ensembles. C’est un peu comme l’hémisphère gauche et l’hémisphère droit du cerveau. Ils ne traitent pas les mêmes types d’informations mais, heureusement pour nous, travaillent de concert. Si les sources ont été bien choisies, la veille cible va produire régulièrement des contenus intéressants, à la différence des résultats de la veille radar plus chaotiques mais potentiellement plus riches.
En fait il est possible de mêler les deux approches de manière plus fine encore à condition d’utiliser le bon outil, Inoreader par exemple. On peut imaginer le cas où l’on récupèrerait « à la louche » et sans trop de travail de validation, des sources thématiques, mettons une centaine des flux RSS de communiqués de presse des grands constructeurs automobiles, on est alors en veille cible. En utilisant les règles de filtrage d’Inoreader on pourra créer par exemple des filtres par mots-clés par pays pour reclasser l’information en mode géographique ou encore des filtres par mots-clés par technologies (électrique, hydrogène, connecté, …) pour suivre les annonces liées aux innovations des constructeurs. On est ici en mode radar mais sur une portion restreinte du web.
Veille radar ou veille cible? Les deux mon capitaine.
Amusante et utile dénomination ! Je garde 🙂 !
Les deux sont en effet à mener de front ! Ta métaphore est pour le moins claire pour marquer les esprits !
Pour certains sujets, en effet, seule la « veille Cible » sera vraiment utile, par exemple lorsque les mots sont trop polysémiques ou que le champ lexical est trop large (je pense notamment à un récent projet sur l’innovation dans des territoires insulaires). La notion d’innovation est difficilement circonscrite par des mots ou expressions (nous avons néanmoins associé le nom des territoires à une vingtaine de mots/expressions pouvant se retrouver dans des articles évoquant cette notion… tout cela en bilingue… ce qui pose un problème de gestion des… 200 Google Alertes nécessaires).
Pour d’autres sujets, la veille Radar génère plus de bons résultats, notamment quand le champ lexical est restreint et spécialisé… comme « drone militaire » OR drones militaires » par exemple.
J’encourage toujours clients et stagiaires à constituer deux documents distincts (collaboratifs, via Google Drive ou Office en ligne… pour facliter la « coconstruction »… quand les questions de confidentialité ne sont pas trop présentes) : l’un pour le sourcing, l’autre pour les mots/expressions.
Un point majeur qui s’est imposé à moi récemment, c’est également la fusion des deux approches quand le veilleur a intérêt à filtrer des sources (Veille Cible) par des mots clés (plus exactement de la Veille Radar du coup). Selon le type de source, il faudra mettre en place un filtrage dédié.
Par exemple, pour une veille sur le recyclage du papier, j’ai rassemblé (sous forme de listes Twitter, surveillées et filtrées dans Inoreader) des sources dédiées au recyclage sur lesquelles je filtre sur « papier », et d’autres sources dédiées à l’industrie papetière que je filtre sur la notion de recyclage en utilisant un champ lexical relativement simple. Et cela en bilingue. Le résultat est plutôt satisfaisant.
Merci pour ces retours.
L’exemple que tu donnes ressemble à celui sur les constructeurs automobiles que je donne en fin d’articles non? Ou alors tu veux dire que tu filtres les flux un par un dans Inoreader plutôt qu’utiliser une règle sur un dossier si je comprends bien?
Oui tu as raison, pardon pour la redite !
Comme nous nous le sommes dit en MP, j’hésite à utiliser les règles dans Inoreader (plus souples que les filtres sur de nombreux points… c’est sûr !).
Les « règles » agissent une fois les news entrées dans Inoreader. Les news brutes restent donc « trouvables » dans la base lorsque l’on effectue une recherche par exemple. Ce n’est pas rédhibitoire, je le reconnais !
Les « filtres » agissent avant l’entrée dans Inoreader et ne surchargent donc pas la base d’articles archivées dans Inoreader. Mais leur gestion manque cruellement de souplesse.
C’est là où je profite honteusement de ton lectorat pour leur demander de soutenir (par leur vote ou commentaire) la demande faite à Inoreader d’améliorer les filtres… :-$
http://forum.inoreader.com/index.php?/topic/11586-improving-filters/
Bonjour Messieurs,
J’aime bien l’idée du mode radar sur une portion réduite du web et je l’ai d’ailleurs récemment expérimenté. J’ai mis en place une veille sur l’agence européenne du médicament (pour suivre l’actualité sur le sujet suite à la relocalisation possible de cette institution dans un pays de l’UE dans le cadre du Brexit) sur Twitter. Cela permet d’identifier différents parties prenantes (pays, villes, acteurs économiques…) et de les « cibler » éventuellement dans un deuxième temps pour répondre à des questions plus précises.
Intéressant. Merci pour le retour!
Je te rejoins à 100 % dans ton approche.
La différence entre les 2 types de veille est parfois difficile à comprendre pour des néophytes, je pense que je vais m’approprier aussi ta métaphore 🙂
D’ordinaire, je parlais de veille radar (j’ai été à bonne école ;-)) et de veille par sources (quand tu parles de veille cible) mais je me rend compte que ce dernier concept n’est pas très clair. Ce n’est qu’une histoire de sémantique, mais cela joue sur la compréhension. Je pense donc que je vais reprendre aussi le terme de veille cible. In fine, si nous utilisons tous les mêmes concepts, cela jouera sur la reconnaissance de la compétence veille, donc autant être « raccord ».
Au plaisir !
Bryan
Bien vu ! La distinction est éclairante. Pour ma part, je préconise d’abord aux néophytes la « veille cible » qui me semble plus rigoureuse en termes de méthodologie. Mais il est vrai qu’il faut ensuite la compléter par une « veille radar » (ce que j’appelle un « filet de rattrapage ») si on veut ne pas laisser passer des news importantes et pour repérer de nouvelles sources. Comme vous le dites, les uns et les autres : on est toujours dans une combinaison des deux approches.
Benoît
bonjour
bravo pour ces 2 nominations et visuels clairs , qui vont me permettre de mieux expliquer les stratégies de veille à mes utilisateurs internes….
Joëlle