RessourcesVeille – RessourcesCreativite
J’emprunte ce titre à une conférence donnée à la Scip par Roland Moreno, inventeur entre autres choses de la carte à puce, en 1994.
Les extraits ci-dessous sont issus de la retranscription qu’en a fait Yves-Michel Marti, PDG d’Egideria et secrétaire général de SCIP France à l’époque :
Sur la détection de signaux faibles :
Test de créativité : répondre à la question « A quoi sert une brique? » en trouvant le maximum d’usages possibles.
M. MORENO compare la brique à une station de radio qui émet simultanément 50 à
100 programmes, à de fréquences différentes sur la bande FM. Certains programmes sont très puissants (radio-lourd, radio- solide), d’autres sont beaucoup plus faibles (radio transparent, radio féminin…)
Toute la difficulté consiste à voir certaines facettes qui sont présentes, malgré la présence écrasante des facettes habituelles (lourd, solide…), qui sont tellement voyantes qu’elles rejettent dans l’ombre leurs voisines moins tapageuses.
A sensibilité égale, une personne non experte en matière de briques sera moins obnubilée par solide ou lourd qu’un maçon, qu’un architecte ou qu’un ouvrier briquetier, et captera plus facilement les rayonnements cachés.
–> les stagiaires et jeunes embauchés sons susceptibles d’apporter ce regard neuf.
Sur la créativité :-)
On fait faire des choses aux gens pour qu’ils se sentent mal à l’aise : se toucher, se renifler. Ca crée une frustration et une énergie folle qui ne demande qu’à se libérer en idées. Après, quand on leur demande de pondre des idées, ils sont tellement soulagés que ca jaillit de tous les côtés.
Sur les rapports entre le veilleur et l’ingénieur :
Tant que l’inventeur est sur son petit nuage en train d’inventer des choses, il ne faut pas le confronter à la dure réalité concurrentielle : il a bien le temps pour cela. Il faut le laisser créer, à l’abri des veilleurs, des antériorités, et des autres spécialistes.
C’est ce qui s’est passé dans le développement de la carte à puce. C’est quelques mois après avoir réuni des fonds et constitué la société que l’on a découvert un brevet très proche et antérieur au nôtre. Si on l’avait su plus tôt, on se serait découragés tout de suite, et la carte à puce n’aurait pas vu le jour en France.
Ce qui est ici souhaitable pour un inventeur ayant besoin d’un peu de liberté est toutefois difficile à mettre en oeuvre pour une entreprise. Une invention déjà inventée et brevetée par une autre entreprise ne rapporte rien et coûte beaucoup en temps de cerveau. Sauf si l’on compte sur l’effet sérendipité et que l’idée initiale en engendre d’autres inédites. Mais ce n’est pas automatique…
C’est en tout cas en toute sérendipité (cf. 6 idées pour mettre en place votre labo à sérendipité) que je suis tombé sur un répertoire sur le site Egideria regroupant de nombreux compte-rendus de conférences SCIP qui se sont tenues entre 1992 et 1997. Des retours d’expériences et des idées à revendre par les pionniers de l’intelligence économique en France.
Sinon et pour commenter l’intitulé de ce billet, j’ai l’habitude de dire aux personnes que je forme que la curiosité (et le fouinage qui s’en suit) et la qualité première d’un veilleur. Sans cela aucune question ne se pose, aucune envie d’aller plus loin n’existe et aucune réponse créative à un problème n’est trouvée.