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Ca ne se voit sans doute pas là tout de suite, mais je suis dans une période d’écriture intensive (si, si) et ne sachant à qui parler sinon à moi-même (on tourne un peu en rond lui et moi) je souhaitais partager avec vous la petite réflexion suivante, fruit exotique de ces activités scripturaires quotidiennes.
Or donc (je savais que je le placerai un jour), or donc disais-je (et de deux), or donc j’ai remarqué qu’une grande partie de la materia prima utilisée pour ce travail était constituée de textes de petite et moyenne taille : articles de journaux, articles scientifiques, billets de blogs, plutôt que d’ouvrages dorés sur tranche. Vous me direz c’est normal, c’est moins long à lire. Certes mais il se trouve aussi que cela concentre bien souvent la pensée de l’auteur pour en exprimer la quintessence dans des expressions souvent « fulgurantes » que plusieurs dizaines de pages ne rendraient pas. D’ailleurs n’est-ce pas le mouvement naturel de l’écriture que d’aller vers toujours plus de granularité? De la tablette cunéiforme citable à coups de burin (mais très bien calibrée pour les ricochets sur l’Euphrate), au twitt de 140 signes syndiquable et mashupable à volonté sur tout service web 2.0 digne de ce nom, le chemin fut long et semé d’embûches (à ce qu’on dit), mais finalement assez linéaire.
Ayant lu récemment l’article d’Hubert Guillaud consacré à l’explosion de Twitter (et associés) et au passage consécutif du multilogue blogosphérique au multilogue twittosphérique j’en viens à me demander si les twitts ne feront pas bientôt autorité au même titre que les ouvrages savants et si, dans un document que l’on voudra « respectable » (bouquin, article), l’on n’en viendra pas à citer le twitt d’untel ou untel comme référence de ce que l’on avance (« comme l’affirme Freud dans son twitt n°xxx et bla et bla et bla« ).
Oui je sais ça à l’air saugrenu comme çà, on est vendredi soir et vous vous dites que je suis un peu fatigué et vous n’avez pas tort, seulement imaginez un instant que les grands pontes de vos domaines d’activité respectifs se mettent eux aussi à twitter (si vous en connaissez ça m’intéresse?). Pas de la blanchaille hein! Non je veux dire du lourd, du Einstein, du Drucker (pas Michel), du Vinci, du Dumézil, du Laborit, etc (oui je sais ils sont morts et ne gazouilleront plus jamais en ce bas-monde numérique mais je voulais pas offenser les vivants).
Bon alors quoi? Vous ne les citeriez pas? Alors que ces 140 petits caractères gazouillés sont le lait concentré sucré de leur pensée, un truc carrément performatif si çà se trouve qui, à l’instar d’un kôan zen apportant l’illumination, vous transmettra d’un seul coup d’un seul le suc de l’esprit du grand homme. Imaginez-vous devenir sa pensée vivante au moment même où vous le lirez. Le rêve non?
D’ici là je vous souhaite une bonne nuit et vais tenter d’en faire (des rêves).