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Pourquoi réaliser une « veille sur la veille »?
Après 4 mois de « blogging » intensif je me suis dit qu’il était temps de prendre un peu de recul et de tenter de répondre à quelques questions concernant l’existence de ce blog, mais aussi de comprendre ce que ce type d’outils pouvait apporter de nouveau/utile au travailleur de l’information dans son quotidien.
Responsable de veille concurrentielle et/ou stratégique pendant 4 ans dans 2 grands groupes j’ai toujours consacré un peu de mon temps à exercer une veille sur la veille au même titre que sur les problématiques identifiées de l’entreprise. Cela me semble indispensable pour plusieurs raisons:
- nécessité de connaître les outils de veille dans un simple but de crédibilité dans l’entreprise
- bonne vision du marché indispensable au moment du choix d’une solution (notamment s’il s’agit d’un investissement lourd)
- nécessité de connaître le potentiel de chaque outil, même si vous n’en maîtrisez pas complètement les détails, afin de pouvoir ensuite les articuler dans un projet de veille
- capacité à mettre en oeuvre un projet de veille très rapidement en utilisant des solutions gratuites, peu chers, en bêta… Le but n’étant alors pas d’avoir un système pérenne mais de pouvoir commencer à travailler très vite en gardant la possibilité à terme de basculer les infos récoltées dans un plus gros système (bien s’assurer au départ de la possibilité d’export des données!!).
Connaître les outils pour répondre à des besoins contextuels
Ce dernier point me paraît essentiel pour au moins deux raisons, la première est que même dans de grosses structures les crédits ne sont pas extensibles à souhait et montrer qu’on peut débuter une veille avec un investissement limité est rassurant pour l’employeur.
La seconde c’est que les commanditaires de la veille (vos supérieurs hiérarchiques) sont forcément en attente de résultats. Or l’utilisation de gros logiciels est en général fructueuse à long terme mais demande un délai de mise en oeuvre très long. Entre les 3 à 12 mois (dans le meilleur des cas) qui vont séparer le lancement du projet pilote du recettage on attend de vous des infos, des scoops, voire des résultats (si,si!) et si vous attendez le déploiement de l’outil miracle vous n’êtes pas prêt d’en proposer.
La connaissance des outils basiques permet à mon sens de mieux passer cette période de mise en place d’un outil mais pas seulement.
En effet, qu’elle qu’ait été votre analyse préalable des besoins, vous en aurez toujours oublié un qui ne manquera pas de vous sauter aux yeux dès la première utilisation de l' »outil miracle ».
Une bonne connaissance des petits outils permet souvent de ne pas avoir à tout remettre à plat dans la V2. Après tout utiliser un logiciel d’IRC avancé pour collaborer à distance est sans doute plus pertinent que d’intégrer une fonctionnalité « forum de discussion » dans un logiciel frôlant souvent l’usine à gaz!
Les petits outils permettent donc une flexibilité et une rapidité de déploiement que les grosses solutions n’auront jamais.
L’intérêt de partager ses trouvailles
Partager mes découvertes à ce sujet me semble aller de soi pour la simple raison que je vois ces outils sous leur aspect contextuel.
Je m’explique, j’ai besoin de connaître leurs potentialités afin de pouvoir penser à les utiliser lorsque le besoin apparaîtra; pour autant je ne m’en sers pas tous les jours et certains outils ne me seront sans doute jamais utiles.
Pourtant je suppose, à tort ou à raison, que d’autres que moi pourraient se trouver dans le contexte où ils auraient besoin de ces informations et le travail de repérage et de test préliminaire que j’effectue pourrait alors ne pas être perdu. Il s’agit en fait de « rentabiliser » mon temps de travail et de faire en sorte qu’il serve à quelquechose et à quelqu’un s’il ne me sert pas à moi (j’en conviens l’altruisme n’est donc pas ma motivation première, je suis interessé!)
Si par ailleurs ces utilisateurs potentiels partagent ma vision des choses et commencent à rédiger quelques lignes sur chaque outils qu’ils testent (voir ici, là ou encore là) on se retrouve rapidement avec une communauté en ligne utile à tous. Un jeu à somme positive si j’en crois la théorie nobelisée il y a dix ans.
Le blog comme élément du PersonalKnowledgeManagement
Par ailleurs depuis que j’ai commencé à rédiger ce blog j’en découvre un nouvel effet inattendu. Il est devenu le concurrent immédiat de mon logiciel de gestion de bookmark (l’excellent TheBrain pourtant). En effet, le fait d’écrire deux lignes sur chaque outil ou site intéressant que je découvre me permet d’une part de mieux mémoriser l’information et d’autre part d’accéder immédiatement à des URL qualifiées. Les fonctionnalités de Joueb telles que la recherche plein texte ou la possibilité de créer des rubriques thématiques font le reste et Outils Froids est donc devenu naturellement un composant majeur de mon système de gestion des connaissances personnelles.
Enfin l’utilisation à titre personnel de cet outil et des logiciels sociaux en général est à mon sens le meilleur moyen d’envisager des fonctionnements nouveaux, innovants et surtout plus efficaces dans le fonctionnement du système de veille de l’entreprise. Comment en effet être un responsable de veille à la pointe si l’on n’a aucune idée des potentialités offertes par ces nouveaux outils? Bien sûr dans un système de veille les tuyaux, la plomberie (comme l’appelle un colistier de la liste Veille) ne sont rien sans les « capteurs humains ». Pourtant dans les organisations multi-nationales actuelles la réciproque est également vraie: comment mettre en place une veille sans outils permettant de faire remonter l’information, de la capitaliser puis d’être à même de la retrouver?
Voilà j’ai été un peu long mais 4 mois c’est pas rien :-)
Comme toujours vos commentaires sont les bienvenus et même très attendus!