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Explorateurs-chasseurs-cueilleurs du web
On pourrait mobjecter que larchivage ne consiste pas à sauver tout et nimporte quoi, quil y a des stratégies à mettre en place et que finalement « il nest de vent favorable pour celui qui ne sait où il va ». Certes, mais ça cétait vrai avant, car qui sait vraiment où il va sur le web d’aujourdhui? Sur le réseau nous ne sommes plus des aventuriers des temps modernes, notre monde nest pas fini, cartographié, borné. Nous sommes plutôt dans la peau dexplorateurs du XVIème siècle prenant la mer sans bien savoir si les Indes que nous pensons rejoindre ne seraient pas plutôt les Amériques. Notre monde nest pas fini et nous nous y dirigeons à tâtons, avec prudence, comme dans ces jeux vidéo de conquête où le territoire se découvre à mesure que nous progressons. Alors dans un environnemment inconnu, incertain, voir hostile pour certains, nous retrouvons des réflexes ancestraux[1] dont les folksonomies sont à la fois les symboles et les outils :
- Nous nous regroupons pour être plus forts
- Nous bornons le territoire que nous parcourons à coup de bookmarks afin dêtre en mesure de revenir sur nos pas si nécessaire – un fil dAriane numérique en quelque sorte – mais aussi et surtout, de le mesurer afin den dresser petit à petit la cartographie détaillée.
- Nous prenons tout ce qui est bon à prendre, c’est-à-dire chaque page présentant un début dintérêt, car dans ce contexte tout ce qui peut servir de pitance doit être ramassé. Nous sommes des chasseurs-cueilleurs dinformation en déplacement et nous ne pouvons nous permettre de laisser échapper une proie ou doublier de nous approvisionner en eau lorsque nous découvrons une bonne source (dinformation évidemment). Tout du moins le vivons-nous ainsi instinctivement.
Le problème déjà évoqué (que ne connaissaient pas Vasco de Gama et ses confrères) cest que ce territoire, en plus dêtre inconnu, est mouvant dans le temps. Certaines des bornes que nous laissons derrière nous disparaissent mystérieusement et se retrouvent, in-signifiantes, dans la Wayback Machine, ce chantier archéologique permanent dans lequel les couches du web passé ne cessent de sempiler.
[1] Sur cette question de linstinct sur internet je vous renvoie vers lune de mes études favorite, celle dEdouard Chi et de Peter Pirolli (laboratoire User Interface Research du Xerox PARC, excusez du peu) sur l « odeur » de linformation. Voir aussi cet article.